Mon intervention générale a porté sur l’accompagnement des Jeux olympiques et paralympiques de Paris et les incertitudes sur l’organisation et le financement de dispositifs absolument nécessaires à leur bon déroulement.
Faute de financement public, les moyens de transport initialement prévus pour les JO 2024 ne seront pas disponibles.
Monsieur le président,
Madame la ministre,
Mes chers collègues,
Madame la ministre une très grande part de votre projet budgétaire est consacrée à l’accompagnement des jeux olympiques et paralympiques de Paris. Pourtant, demeurent de fortes incertitudes sur l’organisation et le financement de dispositifs absolument nécessaires à leur bon déroulement. Je voudrais préalablement saluer l’esprit de responsabilité des collectivités qui ont accepté de prendre à leur charge une grande partie des surcoûts de construction de plusieurs équipements.
Pour obtenir les jeux, ses futurs organisateurs avaient pris notamment des engagements très fermes sur la réalisation d’infrastructures de transport qui devaient permettre une circulation aisée et une consommation de carbone réduite. À 610 jours de leur ouverture, il faut reconnaître avec honnêteté que ces engagements ne seront définitivement pas tenus. De toutes les lignes de transport prévues dans le dossier de la candidature parisienne, une seule sera disponible pour les jeux. Il a donc été décidé de mettre en œuvre, dans l’urgence, des transports alternatifs. Ainsi, 1 400 bus et cars spécifiques seront mobilisés, sur des voies réservées, pour les 200 000 personnes accréditées.
À rebours des promesses du comité d’organisation, les jeux de Paris vont donc aggraver la pollution, accroître les embarras de la circulation des véhicules et dégrader davantage les conditions de déplacement des usagers des transports publics. Il est à craindre que la vie quotidienne des Franciliens pâtisse grandement du déroulement de ces jeux. À l’avenir, c’est l’acceptabilité de ces grandes manifestations qui est menacée.
Les différents sites des jeux ont été installés à proximité de lignes que l’État, par l’entremise de la société du grand Paris, s’était engagé à livrer avant l’ouverture des jeux. Lors de son audition par notre commission, le 19 décembre 2018, Monsieur Castex, alors délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques, nous déclarait, je le cite, « Je suis peut-être un peu “vieux jeu”, mais lorsqu’un Président de la République, un Premier ministre quels qu’ils soient engagent la parole de la France à l’international, spontanément, j’ai tendance à penser qu’il faut l’honorer ».
Force est de reconnaître que cette parole n’a pas été honorée. Mais, il y a pire. Par la loi du 21 février 2022, vous avez transféré à Île-de-France Mobilités, c’est-à-dire aux collectivités, la compétence des transports des personnes accréditées et donc la gestion de 1 400 bus. Comment cet établissement va-t-il trouver leurs chauffeurs alors qu’il en manque 1 800 en Île-de-France ? Quel est le coût de ce nouveau service et comment Île-de-France Mobilités va-t-il le financer alors que cet organisme est proche de la cessation de paiement et que le Gouvernement et la majorité sénatoriale ont refusé ce mercredi de lui permettre d’accroître ses ressources financières ?
Vous nous avez expliqué à plusieurs reprises, Madame la ministre, que les jeux devaient financer les jeux. Nous constatons aujourd’hui que ce sont les collectivités qui prennent à leur charge les surcoûts et pallient les défaillances. Les jeux ne peuvent être organisés sans argent public, mais vous avez choisi de maintenir le plafond des taxes qui financent l’Agence nationale du sport.
Il est hautement regrettable que ce débat budgétaire ne nous ait pas permis d’apprécier justement les conséquences financières des manquements de l’État à ses engagements pris pour la candidature de Paris.