Précarité étudiante
J’ai pris la liberté de m’adresser à vous, monsieur le Premier ministre, parce que vous répondez souvent, ici, aux questions qui concernent l’université.
Les étudiants ont faim. Dans cet hémicycle, nous sommes nombreux à participer à des collectes alimentaires pour leur apporter, dans l’extrême urgence, des moyens de subsistance dont beaucoup sont cruellement privés.
Avant la pandémie, près de la moitié des étudiants travaillaient pour pouvoir étudier. Aujourd’hui, la très grande majorité d’entre eux est privée de ces emplois.
Votre gouvernement vient d’annoncer la prolongation de la prime versée aux salariés intermittents, qui n’ont pu travailler correctement en 2020 : ce sont 160 000 jeunes de moins de 30 ans qui vont bénéficier de cette mesure.
Le Président de la République a déclaré qu’un étudiant devait avoir les mêmes droits qu’un salarié. Pourquoi les étudiants ont-ils été exclus de ce dispositif ?
Votre gouvernement vient d’annoncer le versement d’une prime de 1 000 euros pour aider les jeunes à payer leur loyer. Les jeunes apprentis en alternance pourront bénéficier de cette prime. Pourquoi les étudiants ont-ils été exclus de ce dispositif ?
Monsieur le Premier ministre, pourquoi la politique du « quoi qu’il en coûte » s’est-elle arrêtée systématiquement à la porte des campus ? (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE et SER, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
Mme Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Monsieur le sénateur Ouzoulias, vous pointez les difficultés que rencontrent certains étudiants.
Comme je l’ai fait la semaine dernière, je voudrais vous rappeler l’ensemble des dispositifs qui ont été mis en œuvre pour les étudiants, au plus près du terrain, avec eux pour savoir ce dont ils ont le plus grand besoin, notamment s’agissant des problèmes alimentaires, parmi d’autres qui seront abordés dans les prochains jours.
Je ne peux pas vous rejoindre, monsieur le sénateur, quand vous dites que les étudiants sont exclus du dispositif « 1 jeune, 1 solution », que le Gouvernement a mis en place. Pas du tout ! (Exclamations sur les travées du groupe CRCE.) Les étudiants font partie de cette catégorie plus large.
De même, nous continuons à accompagner les étudiants en apprentissage, les jeunes en contrat de professionnalisation, tout comme les jeunes salariés ou les jeunes diplômés. D’ailleurs, s’agissant de ces derniers, c’est la raison pour laquelle leur taux d’embauche en CDI ou en CDD de plus de trois mois a été quasiment équivalent en 2020 à ce qu’il était en 2018 et en 2019.
Monsieur le sénateur, on ne peut pas dire que les étudiants sont exclus de la politique du Gouvernement. (Vives protestations sur les travées des groupes CRCE, SER et Les Républicains.)
Mme Éliane Assassi. Bien sûr que si !
Mme Frédérique Vidal, ministre. Mais non ! Vraiment pas ! Vous voyez peut-être les files d’attente ; il se trouve que, moi, j’y vais... (Exclamations.)
Mme Cathy Apourceau-Poly. Nous aussi !
M. Jérôme Bascher. Et nous aussi !
Mme Frédérique Vidal, ministre. Dans ces files d’attente qui font, selon vous, tellement polémique, on voit notamment des jeunes, des étudiants internationaux. C’est pour cette raison que nous avons doublé les aides à destination de l’ensemble des étudiants, que plus de 1,5 million de repas à 1 euro sont servis dans les restaurants universitaires, que nous continuerons à soutenir l’ensemble des jeunes, y compris les étudiants. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour la réplique.
M. Pierre Ouzoulias. Vous n’avez répondu à aucune de mes trois questions ! (Vifs applaudissements sur les travées des groupes CRCE, SER, GEST et Les Républicains.) Peut-être pourriez-vous demander au CNRS de lancer une enquête sur ce sujet… (Rires et applaudissements sur les mêmes travées.)
Madame la ministre, 40 % des étudiants qui pouvaient retourner à l’université ne l’ont pas fait, et vous considérez que c’est parce qu’ils préfèrent l’enseignement à distance. Je crains qu’ils n’y reviennent jamais !
Pour éviter ce désastre, c’est maintenant que le Gouvernement doit agir !